24% d'augmentation, plus de 100 instituts de recherche, et une puissance nucléaire s'ajoute aux tensions au Moyen-Orient.
L'infolettre Ces temps-ci pour la semaine du 15 janvier 2024.
Bonjour bonjour,
Cette semaine dans l'infolettre: Les enseignants, qu’ils soient représentés par le front commun ou la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), toucheront potentiellement une augmentation salariale pouvant atteindre 24%, selon l’échelle. Encore faut-il que les membres approuvent l’entente de principe. Le spectre de l’ingérence étrangère se fait encore sentir au Canada, Ottawa voyant un risque à la sécurité nationale en plus de 100 instituts de recherches. Et le Pakistan frappe des “caches terroristes” en Iran.
Voici donc ce qu'il se passe ces temps-ci.
POLITIQUE QUÉBÉCOISE
« Les enseignants qui ne sont pas au sommet de l’échelle salariale toucheront des augmentations de 20 % à 24 % en cinq ans, selon l’entente de principe conclue entre le gouvernement Legault et la Fédération des syndicats de l’enseignement affiliée à la CSQ (FSE-CSQ).»
« Le document obtenu par La Presse ne le précise pas, mais on comprend que les membres de la FAE toucheront eux aussi ces augmentations négociées par la FSE-CSQ. Il n’y aura pas deux échelles salariales pour les enseignants en fonction de l’affiliation syndicale. »
💬 Je ne pense pas que c’était possible de faire vraiment mieux côté salarial, mais le nerf de la guerre réside dans d’autres aspects de la convention collective (notamment les conditions de travail). Malheureusement, le moyen le plus efficace de s’attaquer à ces enjeux dépasse ladite convention collective et réside dans l’abolissement de l’école à trois vitesses. Mais ça, notre classe politique y est très peu sensible pour des raisons sociologiques, étant donné qu’ils font justement partie de cette classe aisée qui se reproduit en envoyant leur descendance dans des écoles privées survolant les problématiques du secteur de l’éducation publique étant supposé réduire les inégalités sociales qu’ils perpétuent pourtant actuellement.
« Une citoyenne de la circonscription de Chauveau, qui souhaitait que son député local présente son dossier au ministre des Finances, Eric Girard, a eu toute une surprise lorsqu’on lui a plutôt proposé de donner 100 $ dans un cocktail de financement pour pouvoir rencontrer elle-même le ministre Girard. »
💬 La problématique ici n’est pas vraiment dans le prix du cocktail du financement en soi (il faut bien que l’argent entre dans un parti d’une façon), mais bien de présenter ce cocktail de financement comme un moyen privilégié d’avoir accès à un ministre. Évidemment, il s’agit d’un témoignage et il doit être traité comme tel, mais ça fait quelques fois que ça remonte dans les médias ces derniers mois. Suffisamment pour qu’on y jette un coup d’œil attentif, du moins.
🗞️ Legault exhorte Trudeau à freiner l’afflux de demandeurs d’asile | Le Devoir
« Il soutient qu’en 2022, le Québec a pris en charge plus de demandeurs d’asile que tout le reste du Canada réuni. En 2023, la fermeture du chemin Roxham a ralenti « momentanément » ce flux. »
« Durant les 11 premiers mois de 2023, ce sont près de 60 000 nouveaux demandeurs d’asile qui ont été recensés au Québec, ce qui a généré une « pression très importante » sur les services, selon M. Legault. »
💬 Tout ça me donne l’impression de toujours revoir le même film en boucle. Le Québec reçoit certainement une part démesurée des demandeurs d’asile au Canada, et la situation doit être réglée avant longtemps. Mais surtout pas de la manière dont ils s’y prennent en Grande-Bretagne!!! (à voir plus loin). Néanmoins, je ne pense pas qu’il y ait de façon humaniste de freiner l’afflux de demandeurs d’asile vers un État, autre que d’améliorer leur situation de vie dans leur État d’origine. Mais en Occident, notre spécialité c’est de la scrapper.
POLITIQUE CANADIENNE
🗞️ Ingérence : plus de 100 instituts de recherche étrangers dans la mire d’Ottawa | Radio-Canada
« Le gouvernement fédéral a catégorisé plus de 100 instituts de recherche, principalement chinois, mais aussi iraniens et russes, comme « posant un risque pour la sécurité nationale » du Canada. De ce fait, aucune subvention ne sera accordée aux recherches dans un domaine de technologies sensibles si elles sont affiliéees à l’un de ces instituts. »
« Ottawa s'inquiète du fait que des adversaires étrangers soient déterminés à acquérir des recherches et des propriétés intellectuelles canadiennes sensibles en s'associant à des projets avec des universitaires au Canada. »
💬 Ça me rappelle un reportage de J.E. à TVA il y a quelques mois/années (le temps passe vite) sur l’espionnage industriel que la Chine avait effectué dans le secteur des hautes technologies à Ottawa (notamment l’affaire Nortel). Il s’agit d’une réelle menace à la sécurité nationale. Ces États illibéraux ont souvent des intérêts nationaux antagonistes au Canada, et ils ont de plus en plus de moyens d’arriver à leurs fins. Nous ne sommes pas encore arrivés à la fin de l’Histoire mon cher Fukuyama.
🗞️ Ottawa conteste la dernière décision américaine sur le bois d’œuvre| Radio-Canada
« Le gouvernement canadien conteste la plus récente décision de la Commission du commerce international des États-Unis (USITC) de maintenir ses droits tarifaires sur le bois d'œuvre canadien.
Depuis la reprise du conflit sur le bois d'œuvre, en 2017, les producteurs canadiens paient un tarif punitif aux États-Unis pour exporter du bois. Les Américains estiment que le bois canadien, qui vient en grande partie des terres publiques, constitue de fait une forme de concurrence déloyale à leur industrie forestière.»
💬 Une preuve parmi tant d’autres que l’administration Biden est loin d’avoir rompu avec le protectionnisme qu’avait instauré Donald Trump lors de son mandat.
Reste que les États-Unis ont une vision assez particulière de la concurrence loyale et de ce qui en constitue une atteinte, remettant très peu en question leurs propres pratiques dans de nombreux secteurs de l’économie.
🗞️ Ottawa veut réduire le nombre d’étudiants étrangers admis dans certaines provinces | Radio-Canada
« En quête de solutions à la pénurie de logements qui sévit actuellement, le gouvernement Trudeau prévoit réduire le nombre d’étudiants étrangers qui pourront être admis dans certaines provinces. L’Ontario, la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse sont dans la mire d’Ottawa, selon une source fédérale bien au fait des discussions. »
« C’est que, tant pour les établissements d’enseignement que pour les provinces qui les accueillent, ces étudiants sont une source de revenus non négligeables, puisqu’ils paient des droits de scolarité cinq fois plus élevés que les résidents permanents ou les citoyens canadiens. »
💬 Dans les dernières décennies, afin de réduire ( ou du moins, ne pas augmenter) le financement public des institutions d’enseignement supérieur, les étudiants étrangers ont été utilisés comme un moyen de financement majeur pour les universités du Québec ou d’ailleurs. Non seulement cela favorise davantage le réseau anglophone à cause du bassin plus grand de potentiels étudiants (et leurs moyens généralement plus considérables), mais ça créer une dépendance économique envers cette filiale d’immigration, avec les conséquences qu’on constate ces derniers temps.
POLITIQUE INTERNATIONALE
🗞️ Le Pakistan frappe des « caches terroristes » en Iran | Radio-Canada
« L'Iran et le Pakistan, seul pays musulman doté de l'arme nucléaire, font face depuis des décennies à des insurrections larvées, le long de leur frontière commune, longue d'un millier de kilomètres.
Ces attaques réciproques surviennent au moment où le Proche-Orient est secoué par la guerre qui oppose le mouvement islamiste palestinien Hamas à Israël dans la bande de Gaza, et par les attaques des rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, contre des navires de commerce en mer Rouge.»
💬 En plus des relations entre États déjà compliquées à comprendre au Moyen-Orient, il ne faut pas négliger les groupuscules au sein même de ces États, qui ont une certaine souveraineté sur des parties du territoire. Je me demande quand même jusqu’à quel point un État peut effectuer des frappes sur le territoire d’un autre État sans que ça devienne une déclaration de guerre. Un équilibre qui me semble explosif.
* À noter que les deux pays on convenu à une désescalade vers la fin de la semaine.
🗞️ Royaume-Uni : feu vert parlementaire à l’expulsion des migrants vers le Rwanda | Radio-Canada
« Surmontant une tentative de fronde dans sa majorité, le premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak a obtenu mercredi le feu vert des députés à son projet de loi – controversé mais crucial pour sa survie politique – visant à expulser au Rwanda les migrants clandestins. »
« Selon le projet, ces derniers, d'où qu'ils viennent, verraient leur dossier examiné au Rwanda et ne pourraient ensuite en aucun cas retourner au Royaume-Uni, ne pouvant obtenir l'asile que dans le pays africain en cas de succès. »
💬 Je ne suis pas un spécialiste du droit international, mais ça me semble très peu éthique (et potentiellement légal, selon le droit international non contraignant) de se livrer à ce genre de manœuvre.
La Grande-Bretagne est probablement l’État qui a, historiquement, le plus contribué à l’instabilité politique et sociale dans les États du sud politique. Malgré tout, le pays semble vouloir se laver les mains des conséquences que leur impérialisme, notamment, a occasionnées.
🗞️Analyse: Trump victorieux en Iowa, la course est-elle terminée?| Radio-Canada
« Ils n’ont qu’eux-mêmes à blâmer, car ils ont choisi de tourner autour du pot, refusant d’attaquer de front le meneur depuis le début. Terrifiés à l’idée de froisser les partisans du mouvement MAGA dont ils ont absolument besoin pour remporter les manches des primaires et des caucus, ils se sont donc contentés d'effleurer en surface les faiblesses de Trump.
Probablement pour leur grand malheur, puisque les partisans dévoués à Trump ont écouté leurs propos en se disant : à quoi bon voter pour de pâles copies quand on préfère déjà l’original? Résultat, ces aquoibonistes sont restés au bercail trumpiste. »
💬 Je devrais me partir une pétition pour changer l’expression “une république de banane” par “les États-Unis”. Je constate de mon vivant le genre de mouvance illibérale qui a mené au règne de Benito Mussolini en Italie. Heureusement que le système politique états-unien, je le crois, est suffisamment solide pour éviter de sombrer dans une dictature dans un futur prévisible.
Il s’agit d’un pays qui est profondément brisé, l’éducation et la culture étant les premiers enjeux. Rappelons que c’est un pays dans lequel, selon l’État, les enfants ont davantage accès à des discours de notre bon vieux Donald qu’à des livres d’Élise Gravel (bannis des bibliothèques publiques en Floride). “Le leader du monde libre”. Bien sûr.
🗞️Au Sénégal, polémique autour de la « double nationalité » de Karim Wade| Le Monde
« Après plusieurs jours d’incertitudes, le doute a finalement été levé. Karim Wade, le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) à l’élection présidentielle du 25 février, a bien renoncé à sa nationalité française, selon un décret du mardi 16 janvier publié au Journal officiel et signé par le premier ministre, Gabriel Attal, et le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin : “ Sont libérés de leur allégeance à l’égard de la France les Français dont les noms suivent […] WADE (Karim, Meïssa), né le 01/09/1968 à Paris 15e (75015).”
Si l’affaire faisait polémique ces derniers jours au Sénégal, c’est parce qu’elle hypothéquait les chances de voir la candidature de Karim Wade, dont le père – l’ancien président Abdoulaye Wade – est sénégalais et la mère française, validée par le Conseil constitutionnel, l’organe chargé de publier, dans quelques jours, la liste définitive des participants à la présidentielle. La loi électorale sénégalaise interdit en effet que les candidats possèdent une double nationalité. »
💬 Petite nouvelle qui passe sous le radar en cette fin d’infolettre. On parle peu de la politique africaine en général, mais ce genre de loi qui empêche la double citoyenneté de quiconque voulant devenir président du Sénégal me paraissait intéressante.
Certains pays, comme le Canada, n’ont pas de restrictions à ce niveau (à part, évidemment, d’être citoyen du pays). Aux États-Unis, c’est un peu plus restrictif puisqu’un président doit être né au pays. Mais dans les pays qui ont connu le colonialisme et qui s’en sont extrait, je peux comprendre le désire d’éviter toute ingérence potentielle (même si seulement en apparence), de l’ancienne métropole.